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Le drôle de monde
5 octobre 2017

Le rendez-vous manqué de la politique de la ville

Faire des habitants les acteurs du changement, telle était l’approche préconisée par Hubert Dubedout dans son rapport de 1983. Cette démarche suscita alors une forte attente des professionnels, des citoyens et des associations. Trente ans plus tard, force est de constater que, même si les rapports successifs ont régulièrement réaffirmé cet objectif et si la politique de la ville a constitué un lieu riche d’expérimentations participatives, ce projet reste largement inabouti. La politique de la ville est restée une politique conduite et décidée « par le haut », avant tout initiée par des professionnels et des élus locaux. Certes, elle n’a pas été sans effets concrets en termes d’aménagements urbains ou de renforcement des services publics de proximité mais elle n’a pas produit la dynamique sociale attendue. De nombreux dispositifs ont été expérimentés mais les expériences sont restées des expériences au point que le seul mot d’expérimentation provoque une réaction épidermique chez nombre d’acteurs de la politique de la ville. Le cumul de savoir faire permettant une structuration des pratiques, leur généralisation et surtout la transformation des cultures professionnelles, administratives et politiques n’a pas eu lieu. Par ailleurs, la participation dans ses formes institutionnalisées, qu’il s’agisse des conseils de quartier ou des structures propres à la politique de la ville s’est essoufflée. Elle est souvent caractérisée par l’absence des plus précaires ou des jeunes ce qui a parfois conduit au constat que la participation se faisait « contre eux », un enfermement dans la proximité conduisant à laisser de côté les grands enjeux de transformation des quartiers populaires au profit d’un centrage sur la gestion du quotidien, l’instrumentalisation du milieu associatif dans une logique de délégation de services publics, l’absence de règles du jeu et d’explicitations claires des enjeux de la participation. Au total, une participation le plus souvent sans enjeux et sans effets même si elle déploie parfois une batterie impressionnante d’outils de communication. Ces constats sont sévères ; ils ne sont pas spécifiques à la politique de la ville mais prennent un relief particulier dans les quartiers populaires tant l’attente et les enjeux y sont importants. C’est une réforme radicale qu’il convient d’engager, mettant les habitants au centre de la politique de la ville et ayant l’audace d’engager une véritable politique d’ « empowerment à la française ».

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